Dans le cadre des célébrations du jubilé des 150 ans de l’Université La Sagesse, la Faculté de santé publique de l’Université La Sagesse a organisé une table ronde intitulée ‘’La Sagesse pour vaincre les addictions’’, abordant deux grands thèmes : l’addiction à la technologie et l’addiction aux drogues.
L’événement a réuni le président de l’Université, le professeur Georges Nehmé, les vice-recteurs, les doyens, les enseignants et un large public étudiant.

Discours de la doyenne de la Faculté de santé publique

La doyenne de la Faculté de santé publique, Professeure Diala El Khoury, a ouvert la table ronde en soulignant que l’événement s’inscrit dans la mission de l’Université La Sagesse, qui, au cours de ses 150 années d’histoire, a démontré son engagement envers le service de l’humain. Elle a précisé que le rôle de l’université ne se limite pas à l’enseignement académique, mais qu’elle doit aussi accompagner les étudiants au-delà de la sphère académique en les sensibilisant de manière continue aux dangers de l’addiction.

Elle a ajouté que les formes d’addiction ont évolué et ne se limitent plus aux drogues et substances associées, mais incluent désormais l’addiction aux écrans, aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux. Ces nouvelles addictions affectent particulièrement les jeunes générations, entraînant des répercussions sur leur santé mentale, leur réussite académique et leur vie sociale.

La professeure El Khoury a expliqué que les technologies numériques sont conçues de manière à stimuler la production de dopamine chez les utilisateurs, ce qui les incite à répéter l’expérience de manière excessive, jusqu’à parfois perdre le contrôle. Elle a donc insisté sur l’importance de trouver des solutions pour protéger les jeunes des pièges de la technologie et des drogues.

Addiction à la technologie

Lors de sa présentation sur l’addiction à la technologie, la chercheuse et enseignante universitaire Dr Maya Samaha Robert a expliqué que cette addiction commence lorsque l’utilisateur accorde la priorité aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux, au détriment de toutes ses autres responsabilités.
Elle a présenté les résultats d’une étude qu’elle a menée au Liban en 2013, sur l’addiction au monde numérique. Cette étude a impliqué 13 000 foyers répartis dans différentes régions du Liban, ciblant la catégorie d’âge de 7 à 11 ans. Elle a révélé que 91 % des enfants passent plus de temps que recommandé sur les jeux vidéo, dépassant les deux heures par jour indiquées par les organisations mondiales. Les adolescents passent ainsi entre 4 et 14 heures par jour à jouer, souvent jusqu’à tard dans la nuit, sacrifiant leur santé mentale, physique et psychologique.
L’étude a aussi montré que l’utilisation excessive de la technologie pendant les études (le multitâche) réduit les chances de succès académique, diminuant de 19 fois les chances des garçons et de 8 fois celles des filles d’être meilleurs que leurs pairs.

En outre, 82 % des garçons âgés de 13 à 17 ans jouent à des jeux vidéo destinés à des personnes de plus de 18 ans, et 92 % d’entre eux visitent des sites web non autorisés pour leur tranche d’âge.
L’étude révèle également que plus l’usage des smartphones est intensif, plus l’anxiété chez les jeunes augmente.

Dr Samaha Robert a encouragé les parents à proposer des alternatives aux jeux vidéo pour leurs enfants et a souligné que leur rôle dans la protection des jeunes est essentiel. Elle a aussi insisté sur l’importance de lancer des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les universités, ainsi que de promouvoir des lois pour protéger la société — en particulier les enfants et adolescents — des dangers de ces addictions numériques.

Addiction aux drogues

L’addiction aux drogues a été abordée par M. Antoine Nader, directeur du Centre de suivi de l’Association Amour et Lumière, et la Dr Nadia Badran, directrice exécutive de SIDC ainsi que présidente du syndicat des travailleurs sociaux au Liban.

M. Nader a expliqué que l’addiction aux drogues ne peut être surmontée que grâce à un traitement à long terme. Il a précisé que l’enfance est une étape clé et que des traumatismes vécus durant cette période peuvent conduire à l’addiction.

Il a souligné l’importance des programmes de soutien qui se basent sur l’autosupport, afin d’aider les personnes dépendantes à progresser à travers un système structuré qui leur permet de se développer intellectuellement et émotionnellement.

De son côté, la Dr Badran a insisté sur l’importance d’adopter une approche empathique et non jugeante à l’égard des personnes souffrant d’addiction, tout en soulignant que seule une personne spécialisée peut fournir un soutien efficace. Elle a recommandé d’orienter les personnes dépendantes vers des centres spécialisés, où elles peuvent recevoir un traitement adapté à leurs situations individuelles.